Un texte de Baba Tinga
José Cardoso est originaire de l’Angola, un pays situé au sud-ouest de l’Afrique et dont la langue officielle est le portugais. Dans ce pays qui émerge d’une guerre civile de 17 ans, les jeunes de la génération de José se trouvent confrontés à une situation socio-politique où les opportunités sont encore limitées.
À la recherche d’une vie et d’un avenir meilleur, il arrive à Montréal le 8 novembre 2019, laissant derrière lui son épouse et sa fille qui viendront une fois qu’il sera bien installé et aura obtenu les documents d’immigration. Je l’ai rencontré dans son logement qui lui sert aussi temporairement de lieu de travail.
Il m’accueille avec un grand sourire, une bonne distance physique pour respecter les nouvelles normes de vie, et m’annonce d’emblée qu’il va parfois utiliser l’anglais pour se faire comprendre car son français est limité. Je le rassure en lui disant qu’il se débrouille bien !
Une fois installés, je lui demande de me raconter son histoire, ses projets de vie.
José Cardoso, Directeur de Michelle Angelo Import-Export inc.

« Je suis venu au Québec pour y vivre, me lancer en affaires et réussir ! Chez nous, en Angola, c’est difficile de se faire une place. Beaucoup de choses nous freinent : la politique, la corruption, le manque de soutien de nos gouvernements. Là-bas, je travaillais à mon propre compte en gérant une agence de voyage. Je suis arrivée ici avec beaucoup d’espoir et plein d’idées dans la tête. J’ai toujours été un homme d’affaires dans l’âme. Je pense que l’entrepreneuriat est la voie vers l’autonomie financière. J’ai rapidement réalisé que le fait de ne pas comprendre le français sera une barrière. Sans la langue, je ne pourrai pas avancer aussi rapidement que je le souhaite. »
Lusophone, José affirme que, même s’il y a des similarités entre le français et le portugais, l’apprentissage n’est pas facile. Mais il est plein de bonne volonté et n’est pas gêné de communiquer avec son vocabulaire limité. Peu après son arrivée au Québec, il s’était inscrit à des cours de francisation, de janvier à mars 2020. Il a dû arrêter à cause de la pandémie de la COVID-19 qui nous a tous contraints au confinement. Il ajoute avec un grand sourire qu’il perfectionne partout son apprentissage. Dans l’autobus, au supermarché et même dans la salle de lavage. Partout où l’occasion se présente, il la saisit pour pratiquer son français.
Peu avant cette crise sanitaire, il a eu le temps de faire du bénévolat à la banque alimentaire Bonne Volée, ainsi qu’au YMCA d’Anjou. De bonnes décisions qui lui ont permis de mettre le pied dans la société québécoise, de se faire une expérience tout en utilisant la langue française. Il s’est aussi lancé dans l’import-export entre le Canada et l’Angola sous le nom de compagnie Michelle Angelo, qui, selon lui, vient d’une référence biblique. Il exporte un peu de tout, de l’alimentation générale aux articles de maison.
Quand je lui pose la question sur sa façon de travailler et de faire ses affaires, sans écrire ni parler couramment le français, il me lance qu’il peut compter sur son partenaire d’affaires, Peter Buhendwa, qui est francophone. « Il gère toute la paperasserie administrative pour le moment. Ensemble, nous nous sommes déjà lancés dans la recherche de nouvelles opportunités afin de diversifier nos activités durant la crise de la COVID-19. »
Ce changement soudain dû à la pandémie, José et son partenaire l’ont tourné en opportunité. Ils se lancent à présent dans le transfert de fonds international, un secteur d’activité que le confinement n’a pas ralenti.
C’est dans le cadre de ses efforts pour améliorer son affichage en français que la collaboration avec l’AIEM va lui servir. Il entend profiter du service offert par le projet « Le français, au cœur de nos ambitions », pour assurer une communication adéquate avec sa clientèle, avec la garantie que ses services seront bien présentés, avec la bonne terminologie. Il compte aussi sur le programme d’aide au placement pour trouver de la main d’œuvre qualifiée pour son commerce.
Même si le début du parcours d’intégration de ce dynamique et sympathique jeune immigrant le pousse à se confiner entre quatre murs, il y trouve une opportunité pour réaliser ses rêves d’entreprendre.
Il conclut notre entretien en disant que le Québec offre beaucoup d’opportunités aux nouveaux arrivants. Il ne faut pas avoir peur de prendre des risques car tout est possible. Il voit l’apprentissage du français comme une richesse, un moyen d’intégration rapide et a hâte de le parler couramment.
Je quitte José en lui souhaitant plein succès dans ses affaires et une promesse d’utiliser ses services de transfert très bientôt. Je n’ai pas de doute qu’il va se faire une place dans le monde de l’entrepreneuriat et réaliser ses projets. Bourré d’ambition, il démontre surtout une attitude ouverte et réceptive qui lui ouvrira sûrement beaucoup de portes.