Dans le cadre de ce numéro spécial sur la francisation, notre journaliste s’est intéressé à une entreprise privée située à Anjou – JPMA Global – qui a su mettre en place les conditions gagnantes pour favoriser la francisation et l’intégration de ses employés.
JPMA Global, compagnie québécoise spécialisée dans la fabrication de présentoirs haut de gamme sur mesure et d’accessoires de magasin, a compris l’importance d’endosser un programme de francisation. « Dans notre domaine, la majorité des gens qu’on recrute pour la main-d’œuvre, sont des immigrants qui ne parlent pas le français. C’est pour cela que c’est important pour nous d’avoir des cours de francisation », nous explique la conseillère en ressources humaines, Kimberly Vela.
Aider les employés à gravir les échelons via des cours de français
Si la majorité des employés s’exprime déjà en français, les employés de bureau parlent minimalement l’anglais et le français. La francisation vise donc les personnes qui travaillent « en arrière-scène », sur le plancher. « C’est une manière à nous d’aider nos propres employés à monter les échelons en entreprise », précise l’agente de bureau.
Comptant plus de 300 employés, l’entreprise montréalaise qui a célébré ses 50 ans d’existence à Montréal a assuré la francisation à plus d’une centaine de travailleurs depuis 2011 et ne compte pas s’arrêter là. « C’est une dizaine de personnes qui suivent les cours de francisation à chaque année. Il y a même eu des années où il y avait une trentaine de personnes qui participaient aux cours », fait savoir la conseillère en ressources humaines.
Est-ce que ces cours de français impactent sur le temps de travail ? À JPMA Global, on explique que les cours sont dispensés les mardis et les jeudis après le quart de travail. « Les employés finissent de travailler à 15h30 et les cours de français débutent à 16 h jusqu’à 17 h 30. C’est l’équivalent d’une heure trente par cours, donc trois heures par semaine », nous dit-on.
Un employé d’origine italienne fait la « fierté » !
Dans cette compagnie, il y a deux classes de francisation : un groupe débutant et un intermédiaire. Dans ce dernier groupe, un employé d’origine italienne semble se démarquer du lot après deux années de francisation. « Venu directement d’Italie, il ne parlait pas français hormis quelques mots comme : merci, d’accord, bonjour etc. Il a commencé à suivre les cours de français et maintenant, il parle super bien ! Ce n’est pas un français de niveau élevé, mais il communique bien. Il développe bien le français, on le sent motivé, et il parle beaucoup », nous rapporte l’agente aux ressources humaines. « Depuis bientôt deux ans, il est présent à tous les cours, tous les mardis et tous les jeudis. Il n’en manque pas un seul ! », ajoute Mme Vela.
Toutefois, l’agente des ressources humaines tient à préciser que l’objectif premier du cours de francisation, « est de permettre aux employés de pouvoir s’exprimer en français, de favoriser le travail d’équipe et la compréhension des consignes ». Il n’est donc pas question de devenir un expert en français.
Sachant que l’apprentissage d’une langue n’est pas toujours aisé, Kimberly Vela laisse entendre que malgré tout, les employés non-francophones sont de plus en plus motivés à suivre les cours de français. Cela leur permet de communiquer avec des contremaîtres pour comprendre les tâches à exécuter. En plus, les cours sont subventionnés par le gouvernement. « Ils sont en groupes, dépendamment de leur niveau de français. Ils doivent passer un test avant de pouvoir suivre les cours. En fonction de la note obtenue au test, on les assigne au groupe adéquat », explique Mme Vela.
152 entreprises offrent des cours de français à leurs employés
Contrairement à ce que certains pourrait penser, ce n’est pas le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI) qui désigne des enseignants dans les lieux de travail pour donner des cours de français. « Le MIDI est partenaire avec les commissions scolaires qui offrent des services de francisation. Ce sont elles qui envoient des professeurs dans les entreprises qui en font la demande », précise Shanmugasunder Chetty, conseiller en partenariat et en promotion de la francisation au MIDI.
En 2018-2019, ce sont 152 entreprises qui ont bénéficié d’une entente pour la francisation en milieu de travail à Montréal, pour un cumul de
2 288 travailleurs en formation. « Au 8 mars 2019, 328 personnes ont bénéficié d’une formation à temps partiel à l’extérieur du milieu de travail financé par la Direction régionale de Services Québec de l’Île de Montréal », indique Caroline Charrette, agente des communications du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.
Près de 20 0000 personnes ont suivi des cours de français
Pour s’intégrer à un nouveau milieu de vie ou de travail, la personne immigrante qui ne maîtrise pas la langue française doit redoubler d’efforts pour l’apprendre. D’autant plus que le français est la langue des institutions publiques et la langue d’usage en milieu de travail, en enseignement, en communication, au commerce et dans les affaires. D’où l’importance de la francisation des personnes non-francophones et allophones.
Un constat plus que favorable à Montréal, où « du 1er avril 2018 au 28 février 2019, 7 214 personnes ont suivi des cours de français à temps complet et 12 519 ont participé à des cours de français à temps partiel », laisse entendre Chantal Bouchard, conseillère en communication au MIDI.
Si le Québec tient à préserver le français et à le promouvoir davantage, ce n’est vraisemblement pas pour rien. Car, il faut le dire, le français est « un symbole d’appartenance » à la société québécoise, qui elle-même est régie par la Charte de la langue française adoptée en 1977 à l’Assemblée nationale du Québec.
INFOS PRATIQUES POUR LES EMPLOYEURS
Formation sur les lieux de travail
- Subvention de Services Québec couvrant 100% des frais de formation en francisation
- L’entreprise doit compter moins de 500 employé-es
- Salaire des employés remboursé à la hauteur de 20 $ de l’heure
- Minimum de 4 personnes
- Horaires flexibles et cours adaptés aux besoins des entreprises
514 873-7032 poste 266
Formation à temps partiel à l’extérieur des lieux de travail adaptée au domaine d’emploi
- Collège de Maisonneuve
- Cégep Marie-Victorin
- Accueil aux immigrants de l’est de Montréal
(Tourisme et commerce)